Tremblez humains ! Ramba est là !

Publié le 26 May 2018 | ARTICLES, HALL OF HATE

 

 

Connaissez-vous Ramba, l’héroïne de la bande dessinée du même nom ? Ramba, cette tueuse à gages qui bosse juste pour le pognon et le plaisir, qui baise à bras raccourcis et flingue à vue d’œil, comme l’annonçait le texte de présentation italien ? Que vous la connaissiez ou pas, peu importe, vous pouvez lancer cette splendide ballade. Car RAMBA est un cas à part !

A l’origine, elle n’est pas une héroïne de fumetti, ces BD italiennes petit format pleines de stupre et de violence : elle est l’adaptation BD d’un personnage… du cinéma porno italien !

Tout commence au milieu des années 80 lorsque l’actrice X Ileana Carisio alias Malu’, rencontre les boss du label porno Diva Futura Riccardo Schicchi et Ilona Staller (La Cicciolina !). Schicchi va créer pour elle un personnage de femme agressive et guerrière, et c’est mitraillette dans les mains et cartouchières en X à même la poitrine façon Zapata que Carisio va enchainer les séances photos.

Puis ça va vite : Riccardo Schicchi a la bonne idée d’un duo des plus logiques (commercialement parlant) en alliant la douceur de la Cicciolina à la hargne de Malu’  pour un grand nombre de shootings (dont il s’occupe souvent lui-même) au sein de diverses publications comme Albo Blitz, Gin Fizz ou Slip. Et effectivement, ça fonctionne plutôt bien !

A force, un journaliste lâche qu’avec son look destroy et le fait qu’elle soit armée sur pas mal de couvertures de magazines et de photos, elle fait penser à une version féminine de Rambo. Le concept est en or : ni une ni deux, RambA est née ! Une alter-ego certes, mais qui va au fil des ans trouver sa propre existence, créer sa propre identité, vivre ses propres aventures (elle est adepte du happening en place publique, nue et armée jusqu’aux dents !), et faire oublier  – c’est en tout cas le cas au sein de la rédaction de Fatales – son modèle d’origine, bien trop grimaçant et testostéroné pour être pris au sérieux.

Les deux shootings présentés en intégralité ici sont réalisés en 85 et 86 pour les magazines Aldo Blitz et Gin Fizz. Le premier est signé Schicchi. On peut noter le basculement : la première revue annonce “Cicciolina et Malu’“, la seconde “Malu’ devient Ramba“.

En 89, sous la pression (dit-on) de sa famille très catholique, Ileana Carisio arrête le porno et repose sur leurs râteliers mitraillettes et cartouchières pour se diriger vers une carrière discrète au cinéma sous son pseudonyme d’origine, Malu’.

Schicchi, désemparé, tentera de relancer le personnage de RAMBA mais sans le tempérament de feu de Carisio le succès n’est plus au rendez-vous. C’est la française Florence Farkas qui s’y colle, et on la verra en tant que “Nuova Ramba” dans quelques films dont Il Vizio di Baby e L’ingordigia di Ramba de Riccardo Schicchi et Mario Bianchi (1989), accompagnée d’un Rocco Siffredi tout jeune et d’une certaine Baby Pozzi… petite sœur de la star du X Moana Pozzi, elle aussi lancée par Diva Futura !

Mais passons à la bande dessinée, car c’est avec elle que ce personnage déjà riche va prendre une toute autre ampleur.

 

 

Dans le fumetti, Ramba est une tueuse à gage sans pitié au pur look eigthies doublée d’une redoutable motarde. Elle est aussi efficace une arme entre les mains qu’un homme entre les jambes. Mais gare au goujat qui se permettrait de lui mettre la main aux fesses ou de la siffler dans la rue, il pourrait tout simplement se retrouver la bite enfoncée dans la bouche ! Car en toute situation, c’est Ramba la solitaire qui mène la danse. Sa vie et son corps lui appartiennent et les hommes ne sont pour elle que des godemichés souvent trop loquaces. Seul son chat Lucifer trouve grâce à ses yeux et elle n’hésite pas, après une rude journée pleine de cadavres, à se relaxer en prenant du bon temps avec lui… Oui, oui vous avez bien compris.

Violeurs, mafieux, parrains et patrons, mais également zombies lubriques, secte d’adeptes de Fu-Manchu ou sumos armés de bites-couteaux… les victimes de Ramba sont nombreuses et variées, autant que les armes qu’elle manie. Pistolet, mitraillette, lance-obus, couteau, fusil à lunette, corde, poison ou harpon n’ont aucun secret pour elle.

Et comme ses aventures sont truffées de passages très TRÈS porno (beaucoup de pratiques y passent : urophilie, fistfucking, SM, nécrophilie, voire d’autres inédites comme l’introduction de stalactites (!). La Cicciolina apparaît d’ailleurs dans le chapitre “Dis au revoir, Gracie“, en strip-teaseuse adepte de golden showers) le lecteur découvrira vite que pour Ramba, jouissance est souvent synonyme de mort violente. De bouquineur bis amusé, il deviendra au fil des pages le témoin médusé d’une véritable avalanche de massacres, d’un sadisme et d’une violence rarement vus jusque là !

Morceaux choisis, à faire pâlir un vieux numéro de Détective :
– Après avoir salement tabassé un type, elle lui pisse dessus, le force à lécher l’urine par terre en lui écrasant la tête au sol de ses deux mains ou de ses talons hauts, puis une fois le sol propre, l’abat de deux balles dans la tête !
– Elle se soulage (encore !) dans la bouche d’un autre et – pendant qu’il ne noie dans son urine – lui enfonce son énorme poignard dans le plexus avant de faire l’amour… avec son cadavre !
– Elle s’introduit dans un manoir afin de neutraliser une cible et abat absolument tout le monde dans la maison !
– Elle force un mafieux à pratiquer un cunnilingus à une demoiselle, avant de le mitrailler dans le dos de sorte que sa tête crache du sang sur la vulve de la dame !
– Après une partie de jambes en l’air lesbienne, elle éventre de bas en haut (!) sa conquête… qui était en fait sa cible !
– Lors d’un combat délirant, elle poignarde à mort un sumo avec… son propre sexe, sur lequel il avait fixé un couteau !

 

Alors pourquoi tant de haine ? Même si le scénariste Marco Delizia explique simplement que le concept était à la surenchère, on ne le saura jamais !
La tradition veut que la violence des femmes, parce qu’elle est en général perçue comme contraire à leur “nature”, semble toujours devoir réclamer des explications, bien davantage que sa contrepartie masculine.

Rien de tel ici. Comme la légendaire Tura Satana ou la Frida Boher de Necron, la violence et la cruauté de Ramba ne seront jamais justifiées. Elle est foncièrement mauvaise, c’est comme ça, c’est tout.

“Tremblez, humains ! Ramba est là !”
pouvait-on lire dès la première histoire, Nuit Violente
Nous étions pourtant prévenus.

 

 

Quelques-unes des aventures de Ramba – celles dessinées par Rossano Rossi – sont sorties en France chez DYNAMITE (15,50€)
Mais ATTENTION, plusieurs histoires citées dans cet article ne figurent pas dans le volume ! (d’où les images en anglais présentes dans l’article)

 

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