The Goddaughter (1972)

Publié le 9 August 2018 | CHRONIQUES

 

En 1972, la même année que Le Parrain et deux ans avant le Couvent de la Bête Sacrée sort THE GODDAUGHTER, un petit film érotique de seconde zone d’1h10, mal foutu, mal monté, mal joué, mal cadré, mal filmé… mais incroyable !

L’histoire est, hum, simple et vaut tous les Tarantino et Rodriguez réunis :

Depuis que Don Mario est mort, la famille CARRIONE est dirigée par Michael Carrione. Seulement voilà, il est homosexuel, ce qui ne plait guère à ses rivaux qui décident de le faire tuer. Comme le veut la loi du milieu il faut le remplacer, et ils apprennent justement qu’il a un enfant caché, Toni. Problème : Toni s’avère être 1) une femme, 2) nonne 3) prête malgré tout à reprendre le business de son père !
Évidemment, cela n’est pas du tout aux gouts des DON rivaux, en particulier du Turque, qui va piéger Toni pour la violer et lui faire passer le gout des affaires.
Qu’à cela ne tienne, Toni va répliquer illico et demander l’aide des SISTERS OF SESSO (les italiophiles apprécieront) afin de décimer tous les chefs rivaux, pour se hisser à la tête de la mafia de la Côte Ouest et créer le couvent des SISTERS OF SEX !

 

Malgré de fausses allures de Rape’n’Revenge, The Goddaughter  est un film de gangsters surfant sur le succès du Parrain de Coppola sorti quelques mois plus tôt. De ce côté là – malgré les jeux d’acteurs catastrophiques – rien à signaler, on retrouve les traditionnels boss, rivaux, chapeaux mous, pétoires, contrôle des prostituées, machines à sous et tout le tintouin… mais c’est dans le traitement de ces éléments connus de tous que le film tire son épingle du jeu et se révèle être un drôle d’ovni.

Déjà, le meurtre du Parrain homosexuel pendant le mariage de sa soeur (voir au dessus). On est loin des oranges qui roulent de Brando, mais la poésie est là : une femme masquée, seins nus et en chapeau melon, sort de façon irréelle d’un gâteau géant dans un ralenti surprenant, au son d’une guitare et d’un accordéon d’une grande douceur (la musique entière du film est à signaler). Puis une balle dans la tête à bout portant, un cri ridicule et c’est la fin du parrain.

Arrive ensuite Toni Carrione, alias The Goddaughter. Très rapidement, les malfrats la violent. Et si j’évoquais plus haut Le Couvent de la Bête Sacrée  c’est car la scène post-viol rappelle visuellement le film de Suzuki. Dans un entrepôt désaffecté, ne sont éclairés que Toni crucifiée et laissée pour morte, ainsi que le cadavre de son homme de main pendu par les pieds. On entends Toni murmurer des passages de la Bible pour tenir le coups. Les deux personnes qui voudront lui venir en aide seront transpercées de balles venues de nulles part : les mafieux sont cachés dans l’ombre.
Heureusement Toni n’est pas morte, mais autant vous dire qu’ils auraient vraiment dû la tuer car ils vont tous périr de façon aussi sophistiquée qu’inédite. 

Suite au viol, elle se représente donc à eux et fait soi-disant amende honorable. Pour prouver sa bonne foi, elle propose à tous les voyous de coucher avec ses fidèles sœurs, qui ne sont autres que des membres de la congrégation des SISTERS OF SESSO. Évidemment personne ne se fait prier et le jeu de massacre peut alors commencer.

La première religieuse couche avec deux types. Elle en étrangle un à l’aide une ceinture pendant que le second est bien trop occupé par la levrette qu’il pratique pour s’apercevoir de quelque chose. Il lui fait cependant remarquer qu’une ficelle sort de anus. Tiens ? Elle lui dit qu’il n’a qu’à l’enlever et il tire alors sur la ficelle : une balle est propulsée de l’anus de la nonne et vient perforer le front du malfrat qui est projeté contre le mur ! L’anus lui tire une balle dans la tête, littéralement ! La caméra se place ensuite entre les jambes de la fille à quatre pattes, qui souffle façon cow-boy sur la fumée s’échappant de son derrière !
La seconde religieuse tue sa cible de façon similaire, sauf que la balle sort cette fois-ci d’un de ses seins. Nous n’aurons bien sûr pas la moindre explication quant à ce sein et cet anus-pistolet.

La troisième, surnommée “Piranha” (!), tue “Le Turque” – commanditaire du viol – en lui dévorant le sexe à l’aide d’une dentition de vampire en argent. (au passage, elle fait déjà subir ça à un producteur véreux plus tôt dans le film, et les fameuse notes du Bon la Brute et le Truand  retentissent au moment de la morsure !)
La quatrième religieuse, Toni Carrione elle-même, s’introduit dans le vagin un bouchon dans lequel une aiguille empoisonnée est plantée. Elle le place de façon à ce que l’aiguille dépasse à peine du vagin. Suite à quelques caresses, elle accepte un cunnilingus de la part d’une traitresse au service du “Turque”, qui se pique la langue sur la redoutable aiguille et meurt.

Non sans mal, mais avec pourtant une grande facilité, Toni “Goddaughter” Carrione et ses religieuses ont donc gagné la partie. Elle règnent désormais sur Vegas, la Côte Ouest, et – si vous restez jusqu’à la fin du générique (la partie 1 est ici et le film entier mais sans générique final est là ) – inaugurent leur Couvent des Soeurs du Sexe ! Amen !

C’est déjà pas mal, mais ça n’est pas tout ! Car le film contient également toutes sortes de curiosités inexpliquées (un bruit raisonnant d’enfant qui jappe au moment où une femme utilise une sucette pour serrer la main du Turque ; le même bruit lorsque Le Turque (encore) couche avec une fille comme un goret fébrile…) mais surtout un étrange running-gag très drôle : un portait du parrain originel, Don Mario, qui ne cesse d’apparaître ici et là tout au long du métrage. C’est toujours le même, et c’est clairement un portrait raté de Marlon Brando doté… de petites ailes d’ange ! Une fois remarqué, difficile de s’empêcher de le traquer dans chaque plan du film !

Sans compter le premier, en voici 10. Parviendrez-vous à tous les trouver ?

 

THE GODDAUGHTER

Un film de Donn Greer (1972)

Avec
Tracy Handfuss
Margot Devletian
Uschi Digard (qui joue son propre rôle)
Diana Hardy
Kathy Hilton

 

 

Retour