The Dark Side of the (Sailor) Moon

Publié le 6 January 2020 | ARTICLES

 

Alors qu’elle n’a quasiment jamais rien publié, la mangaka Naoko Takeuchi sort en 1992 ce qui fera d’elle une légende, doublée d’une multimillionnaire : Sailor Moon ! L’histoire de ces cinq jeunes filles aux pouvoirs magiques passionne (à juste titre) la jeunesse japonaise et c’est quelques semaines après la sortie du premier chapitre du manga que déboule la série animée chez Toei Animation, véritable onde de choc qui elle sera mondiale. Dans la foulée, un merchandising titanesque (toujours d’actualité) signé Bandai inonde la planète, allant du parfum au réveil en passant par des cartables, baumes à lèvres, montres ou CD-Roms. Mais qui dit licence officielle, qui plus est juteuse, dit forcément imitation. Entre alors en jeu la dark-licence, unauthorized, unofficial. Dans le jargon des brigands, on l’appelle le Bootleg : la contrefaçon.

Agissant de nuit dans de lugubres usines et pressés de déguster leur part du gâteau sur le dos des collégiennes guerrières, les pirates du jouet sortent l’artillerie lourde et redoublent d’ingéniosité pour alimenter un marché alors avide des Magical Girls de Naoko Takeuchi. C’est ainsi que les magasins de jouets verront apparaitre sur leurs étals, à côté de Sailor Moon, d’autres guerrières cosmiques. Comme le Canada Dry, elles lui ressemblent, mais pas trop. Leur noms sonnent pareil, mais pas vraiment non plus. Le titre semble similaire, à une syllabe près….

Bienvenue dans le Dark Side of (Sailor) Moon, la face cachée de la (guerrière de la) Lune, là où quelque chose cloche chez les Jolies Guerrières (Bishōjo Senshi – 美少女戦士, c’est l’adorable titre japonais : La Jolie Guerrière Sailor Moon)

 

 

 

Mais tout d’abord, comment reconnaitre un jouet pirate Sailor Moon ? Déjà parce que c’est moche ! Si Sailor Jupiter semble avoir été faite dans de la patte à sel rance ou que Sailor Mars a l’air tout simplement décédée, alors il y a anguille sous roche. Concernant les illustrations sur le packaging c’est pareil, si votre Sailor préférée louche, a un bras plus long qu’un autre ou possède les stigmates du choléra, méfiance.

Et sinon, il reste toujours le réflexe de base, l’AOP du jouet : à qui appartient la licence ? Bandai. Le logo Bandai apparaît-il quelque part sur le packaging ? Si oui, tout va bien. Dans le cas contraire, aussi ressemblante soit-elle, c’est une contrefaçon.

Dans un souci de clarté, nous distinguerons quatre écoles de piraterie (qui peuvent s’adapter pour d’autres licences, comme Star Wars par exemple) : L’école du Champ Lexical, L’école de l’Astronomie, L’école du Rappel Sonore et L’école de la Nonchalance.
C’est parti !

 

 

 

 

1 ) L’école du Champ Lexical prend un tas de mots du même concept (ici la beauté et le combat) : Beautiful, Pretty, Beauty, Soldiers, Fighters... et s’amuse à tester toutes les variations et combinaisons possibles avec eux : Beauty Fighters, Pretty Fighter, Pretty Girl, Beautiful Girl Soldier….

 

 

 

2) L’école de l’Astronomie a uniquement retenu que s’il y a “Moon” dans Sailor “Moon” c’est probablement car cette jeune fille a un lien avec la lune, et va tenter de faire illusion en proposant d’autres jeunes filles de souche astrale : Meteor Girl, plusieurs Planet Girl aux rutilants packagings et autre Moon Princess. L’Italie proposera ainsi une Guerrière Stellaire et une Fée de la Lune et l’Angleterre une Voyageuse du Rayon de Lune.

 

 

3) L’école du Rappel Sonore, elle, va jouer la carte de la phonétique et du prénoms en se disant que bon, cuisiner du Sailor à n’importe quel sauce ou enlever une lettre au nom d’origine est certainement l’écran de fumée le plus viable pour écouler son stock. Naitront ainsi la PrettySailor Annie, une élégante couette Sailor Shelly, Sailor Mary, la mythique SailorBike (!), SailorMoons (à prononcer sélaurmounss) ou encore les Petit Soldier (au lieu de Pretty Soldier) et les Young Beauty Flower Angels (dernière image)

 

 

 

La plus brillante réussite de l’école du Rappel Sonore est probablement Shirley Moore, son nom étant une réverbération phonétique ET visuelle de celui de notre héroïne (ici les packagings de Chibi Moon et Sailor Venus)

 

 

4) L’école de la Nonchalance est celle du jemenfoutisme total. Elle abuse des guerrières Sailor sans aucune originalité ni imagination et utilise leurs visuels dans un comportement à la limite du mépris. Même si je ne dis pas non à un petit sweat Walt Disney’s Sailor Moon, c’est l’école la plus triste.

 

 

 

Le “moon stick”, l’arme de Sailor Moon, a lui aussi eu droit à une belle sélection de contrefaçons ! Ci-contre le Rummy Wand, le Magic Wand, le Sorcery Stick, le Magic Stick, le Star Wonders et le Magic Feeling !

 

 

 

Retour