Il était urgent d’effacer le souvenir inoffensif de l’interminable bouse idiote Wonder Woman 84 et justement, le dvd de Wonder Woman Bloodlines trainait depuis un moment sur une étagère. Quelle bonne surprise !
Le film animé est à destination des enfants alors pas d’embarras question scénario cousu de fil blanc : Wonder Woman (alias Diana) est une gentille-gentille qui va donner du fil à retordre à des méchantes-méchantes, tout en croisant la route d’une gentille qui devient méchante pour redevenir gentille et de méchantes pas si méchantes, etc.
Mais ça va, c’est bien mené, on croit aux personnages, tout roule de ce côté là. Le film propose des combats brutaux dans lesquels Diana s’en prend sérieusement plein la poire par une titanesque Medusa, splendide dans toute sa puissance brute, des séquences assez hard (Diana qui se crève volontairement les yeux avec le venin des cheveux-serpents de son ennemie et continue le combat avec le visage en sang et les yeux blancs), du sang, des hurlements de douleur, des scènes de décapitations ou de mutations… bref, aventure, actions, péripéties, ville ravagée, dilemmes et suspense, le contrat est honoré, l’affiche ne ment pas et les enfants qu’on ne ménage pas pendant une petite heure et demi ne sont pas pris des truffes. C’est déjà une très bonne chose.
Mais là où le dessin animé surprend c’est surtout par son sous-texte très Fem, car Wonder Woman Bloodlines est clairement un film de femmes, ou en tout cas un film sans hommes qui apparaît très vite comme comme un film non-mixte tellement la présence de ces derniers dans le métrage est anecdotique : ils ne sont que deux, n’ont aucune épaisseur, aucune histoire, apparaissent très peu et ne servent l’un comme l’autre à… R I E N !
Pour le premier, il s’agit du petit ami de Wonder Woman, dont le potentiel endive semble volontaire de la part de scénaristes qui le présentent avant tout comme faire-valoir de sa compagne ; même son prénom – Steve – évoque la banalité. Malgré ses gros biscotos et son arsenal de guerre, Steve rate à peu près tout ce qu’il entreprend et lorsqu’il arrive sur le champs de bataille final doté de son plus gros fusil (…) afin d’aider son amoureuse, eh bien il n’a pas le temps de faire quoi que ce soit qu’il est pétrifié illico par le regard de Medusa. C’est très drôle. Il sera déstatufié une fois que tout est terminé façon “Mais ?! Que s’est-il passé ?!”. A part pour assoir définitivement sa puissance au sein même de leur couple, je ne vois pas pourquoi ou plutôt comment Diana pourrait être amoureuse de lui. Quant au second, il n’apparaît qu’une minute ou deux et ce n’est pas vraiment un homme. Il s’agit du mythologique Minotaure, que Diana soumet rapidement pour en faire… son homme à tout faire !
Voilà, côté masculin au moins c’est clair, ne restez pas dans nos pattes, allez jouer ailleurs, les femmes sont occupées.
Car côté femmes c’est justement tout le contraire, et de la charpentée Diana à son impériale mère la Reine Hyppolita, de l’adolescente torturée et manipulée Vanessa à Julia, sa mère géologue qui ne lui porte aucune attention, du duo de méchantes Dr. Cyber et Dr. Poison (l’une défigurée, l’autre masquée), ou encore d’Etta Candy, l’assistante discrète mais efficace de Diana à la brillante, avide et ambitieuse Veronica Cale, sans parler de la monumentale Medusa effrayante et déterminée ou de la furieuse féline Cheetah, Wonder Woman Bloodlines dresse un riche panel de personnages féminins tous plus différents et curieux les uns que les autres, comme peu de métrages (à ma connaissance) l’ont fait avant.
Cerise sur le gâteau – et car libido et super-héros font souvent bon ménage – les âmes fétichistes y trouveront évidemment leur compte, le film délivrant par-ci par-là de discrètes doses de viragophilie bien sûr, mais également de macrophilie, de furry, de bondage voire de femdom, via ce pauvre taureau devenu domestique travesti, visiblement ravi d’être à la solde du regard noir d’une grande brune musculeuse en cuir moulant, toujours prompte à user… de son fouet.