Le Mondo désigne un genre de film d’exploitation, présenté comme “documentaire” mais surtout un bon prétexte à garnir un métrage d’images choc et racoleuses, en général orientées sexe, mort et violence. L’appellation Mondo vient du film Mondo Cane, vraie-fausse enquête pionnière du genre signée Paolo Cavara, Franco Prosperi et Gualtiero Jacopetti, dans laquelle sont exposées des bizarreries de ce monde, des aberrations et des folklores insolites, allant d’un délicieux festin d’insectes à des décapitations d’animaux… Bref.
En référence à l’instigatrice boutique Mondo (qui appartient à la chaine de cinémas Alamo Drafthouse) le Mondo désigne également et depuis relativement peu de temps un style de poster souvent en tirage limité et en plusieurs versions (rouge, bleu, sépia etc.) proposant de “rejouer” un film – souvent culte – à travers une illustration. Une affiche de film complètement fantasmée donc.
Tantôt minimalistes façon Saul Bass, tantôt fourmillants de mille détails façon Drew Struzan, les posters Mondo rappellent parfois ainsi les fameuses affiches tchèques ou polonaises presque surréalistes, qui ne se concentraient souvent elles aussi que sur un détail particulier d’un film, voire simplement… sur la sensibilité et la perception que l’artiste avait de celui-ci !
Parmi les incontournables du poster Mondo (et je réalise au passage que c’est que des mecs) : Florian Bertmer , Jeff Proctor., Tom Whalen, Ken Taylor, Martin Ansin, Tyler Stout, Olly Moss ou encore le classieux Laurent Durieux.
Mais Craig Drake se démarque cependant du lot. Contrairement aux autres, lui s’applique à ne représenter presque QUE des héroïnes d’action dans le style (assumé (encore heureux)) de Patrick Nagel, illustrateur mythique des eigthies, connu pour ses silhouettes anguleuses de femmes (très) blanches sur fond uni, avec gros aplats géométriques de couleurs.
Recherche d’une (apparente) simplicité graphique pour un impact visuel maximal imparable, quête du substantifique trait et obsession pour des héroïnes pop à l’élégance d’icônes 2.0, comme statufiées dans les actions pour lesquelles elles ont marqué l’inconscient collectif, le travail de Drake se démarque également par la volonté de ne pas sexualiser ses personnages. Et l’occasion était pourtant facile.
Il y a le look évidemment, mais chez lui c’est surtout l’énergie des personnages qui semble primer. La prise en compte de l’énergie et du mouvement d’un corps. Et par là, sa reconnaissance et son identité. Craig Drake est un détecteur de mouvements. Et dans tout ce que leur corps a de révélateur, ses héroïnes sont littéralement essentielles.