S’il y a bien quelque chose dont je me suis toujours fichu comme d’une guigne, c’est les chars d’assaut. Mais ça, c’était avant de voir Girls und Panzer !
(Et d’ailleurs, vous pouvez lancer cette chanson avant de commencer à lire)
Dans un monde ou le “Panzerfahren” – l’art militaire de maitriser les tanks – fait partie du programme scolaire (!), une nouvelle élève, dont la mère et la sœur sont des championnes sans pitié dans la discipline, cherche à tout prix à éviter cette matière. Sous la pression de ses deux nouvelles amies et du Conseil des Étudiantes, elle accepte quand même de s’inscrire, mais l’enjeu est de taille : une compétition internationale de combats de tanks est organisée et de la victoire dépend la fermeture de l’école…
Passé ce synopsis déjanté dont seuls les japonais ont le secret, là ou Girls und Panzer surprend rapidement c’est qu’on oublie dès le début l’aspect propagande militaire des 12 courts épisodes survoltés pour s’attacher à l’épanouissement de chacune des héroïnes. Car évidemment, en lisant entre les chaînes (héhé) on comprend que ce n’est pas vraiment de tanks dont il s’agit ici mais de constater à quel point la maîtrise de ces imposantes machines va faire surgir chez ces lycéennes timides et effacées des facettes de leurs personnalités qu’elles ne soupçonnaient pas jusque là : solidarité, esprit d’équipe, improvisation, self-control, écoute des autres, assurance, confiance en soi, fair-play, empathie… Et ça, c’est toujours beau à voir.
L’énergie de la série se concentre donc vers ces jeunes filles et il y a quelque chose de réellement jubilatoire à les observer prendre les rênes de leur vies pour les faire claquer le plus fort possible en hurlant au volant de tanks lancés à toute berzingue. Car en dehors des panzers, le quotidien de ces lycéennes est bien morose. Mako la conductrice dépressive est considérée comme une inutile par le peu de famille qui lui reste, l’avenir d’Hana dans l’art floral était tout tracé mais son rêve d’allier tanks et bouquets (?) déçoit amèrement sa mère, la chargeuse d’obus Yukari s’est toujours sentie mise de côté à cause de sa passion pour la seconde guerre mondiale, Saori, l’opératrice radio, est dans une quête vaine de popularité. Enfin, Miho, la capitaine et personnage principal de la série, a un lourd passé dans l’art du Panzerfahren : quelques années auparavant, elle a fait perdre son équipe en secourant des coéquipières coincées au lieu d’attaquer l’équipe adverse et s’est retrouvée bannie par sa famille pour ça.
Mais ensemble, coincées dans l’intimité de la cabine du blindé à l’abri de la fureur extérieure, leur vie va connaître un souffle inattendu qui va les rendre plus libres et plus fortes. Miho va vite comprendre que la victoire dépend de l’épanouissement de ses amies et va donner à chacune le rôle qui lui sied le mieux au sein du tank, les poussant l’une et l’autre à trouver sa raison d’être dans la machine pour servir au mieux l’équipe. Girls und Panzer devient alors une ode à s’assumer comme on est pour mieux devenir qui l’on est. Autre point discret mais important, à chaque fois que l’un de ses tanks est immobilisé, Miho s’inquiète toujours de savoir si tout le monde va bien, avant d’adapter sa stratégie. Un détail qui peut paraître anodin mais qui en dit long sur l’esprit de la série.
Je ne vais pas énumérer toutes les tanks-team qui forment l’académie des filles d’Oarai (c’est celles qu’on voit en début d’article) mais elles sont toutes super et ont chacune un truc spécial : l’équipe du Conseil des Étudiantes, du club de Volley, l’équipe des geeks, des mécaniciennes, etc…
Idem pour les académies concurrentes, qui représentent chacune une nation gentiment caricaturée : le lycée britannique St-Gloriana mené par la Capitaine Darjeeling qui boit du thé en permanence même pendant les combats, le lycée U.S Saunders qui se bâfre de pop-corn, les lycées italiens, allemands ou russes (cf. la magnifique séquence de Katyusha chantée dans la nuit enneigée)…
Un mot sur l’action, puisqu’on dirait pas mais elle représente quand même 70% de Girls und Panzer. Les scènes de tanks sont haletantes, palpitantes et délirantes à souhait, et il y a quelque chose de surréaliste – et de franchement réjouissant à vrai dire – à se retrouver scotché au fauteuil à regarder des blindés conduits par des jeunes filles faire des drifts et se foutre sur la gueule, sur fond de musique militaire et de kawaï.
Une autre chose qui saute au yeux en visionnant les 12 épisodes, c’est à quel point la série porte bien son nom. Vous êtes venus voir des filles et des tanks ? Tant mieux car vous n’aurez droit qu’à ça et rien d’autre, quasiment AUCUN homme n’apparaissant au court des 300 mn du programme, ni des 6 ou 7 OAV ou encore du film !
Eh oui vous l’aurez compris et les dialogues, souvent, ne laissent pas planer le doute : les garçons sont remplacés par les tanks ! Par contre, si vous êtes fan de chars d’assaut, alors vous en aurez pour votre (étrange) passion : Panzer VI Tiger, Type 97, Chi-Ha, 95 Ha-Go, Bt-42, Kv-2, T-34-85, Jagdpanzer, Panzer VIII Maus… Autant de noms délicats qui vont parader fièrement au fil des épisodes de cette série pétée d’énergie, dirigés par les mains de fers de lycéennes gonflées à bloc !
On a qu’une chose à dire : bravo les filles et… PANZER VOR !
+ un récapitulatif de Girls und Panzer :
– 12 épisodes de 25 mn chacun.
– 6 OAV, sorte d’épisodes bonus mignons, qui ne font pas avancer l’histoire mais développent certains personnages.
– Un épisode spécial très drôle de 50 minutes sur une bataille avec le lycée italien Anzio (à base de “Opération Macaroni”, de siestes et de pizza…)
– Un film totalement FOU sobrement intitulé Das Film, qui fait clairement passer Robert Rodriguez pour un youtubeur.
– Das Finale, un second film en deux parties de 50mn chacune. La première est sortie, la seconde arrive en juin ! A voir, notamment car deux nouveaux lycées font leur apparition dont le français, et ça vaut le détour ! Quant au second… bon enfin je vais pas tout divulgâcher non plus.
Pour vous donner un idée, voici une bande-annonce (du film, mais c’est la même histoire que la série) non-officielle mais qui résume assez bien l’esprit du programme. Et pour visionner les 12 épisodes sous-titrés avec amour par des fans – car non, ça n’est pas sorti en France depuis sa diffusion en 2012 – c’est par ici ! (il suffit de cliquer sur l’épisode et l’enregistrer)
Une scène vraiment drôle où les filles regardent “De L’or pour les Braves” pour se préparer à un match…
et pleurent d’émotion devant les mouvements du tank lors de l’assaut final ! Pas mal de références au film se cachent dans la série.