et pour quelques clichés de plus

Publié le 31 January 2018 | CHRONIQUES

La 4ème de couverture l’annonce frontalement par une formule d’emblée maladroite : “Mondo Reverso est un western transgenre“, puis surenchéritLes personnages se lancent dans une quête…  aux frontières du genre“. Rien que ça !

Avant toute chose, il faut savoir que Fluide Glacial a été racheté par Bamboo, cet éditeur spécialisé dans les BD comme “Les Rugbymen“, “les Profs” ou “Les Puceaux“… Si vous en cherchez, vous les trouverez aux caisses d’Intermarché, entre les chewing-gums, le dernier Télé-Loisirs  spécial “Les Tuches 3” et les sacs plastiques réutilisables. Quelques jours après leurs dates de sorties, vous les trouverez par centaines sur Priceminister à 0,90cts.

En considérant alors Mondo Reverso comme une publication Bamboo et non comme un héritier du facétieux Gotlib, tout s’éclaire : l’album est aux délicates questions de genre ce que Patrick Sébastien est au spectacle, Bigard à l’humour ou plus simplement, Bamboo à la BD : un océan de nullité beauf, régressive et tout sauf drôle. Et ni le dessin parfois époustouflant, ni cette splendide couverture retapée de L’homme des hautes plaines de Cliniswood n’y changent quelque chose.

Inutile de se lancer dans une énumération fastidieuse des “inversions” de l’album, qui se résument à mettre des “e” partout, affubler les hommes de robes, faire péter/roter/cracher/ronfler les femmes ou encore féminiser/masculiniser des clichés et expressions généralement prononcées par des mecs (“Un vrai coq mouillé !” au lieu de “poule mouillée” etc…), mais voici quelques cases en dessous : question transgenralité, question “frontière des genres” comme ils l’annonçaient, c’est grosso-modo ce que vous aurez de mieux.
Le “reverso” comme concept – même si parfois il ne fonctionne pas malgré la volonté des auteurs – pourquoi pas ? Mais tout ça pour… ça ? Pour dénoncer (j’imagine) un certain sexisme en faisant… péter ou ronfler des femmes ? En 2018, sérieusement ?
Et inversion des genres ou pas, une chose est sûre : à en juger les décolletés et les nombreuses séquences topless, on aura au moins la certitude que la BD est bel et bien dessinée par un mec.

Son seul mérite (mais comme dirait Clint justement…) finalement… donner la furieuse envie de revoir l’hallucinant ovni de Riad Sattouf, Jacky aux Royaume des Filles. Le dvd vous coutera trois fois moins cher… mais vous en aurez pourtant davantage pour votre argent !

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